Livereview: W.A.S.P. - Rain

10. Novembre 2017, Les Docks – Lausanne
By Alexandre P.
En 1992, les Guns N'Roses se font un nom auprès du grand public avec leur interminable tournée Use Your Illusions, Metallica explose également sur la scène internationale avec son Black Album dont les ventes atteignent des records et enfin, Nirvana devient un groupe générationnel à son tour dans le sillage de Kurt Cobain. Pas facile d'exister dans ce contexte. Pourtant, Blackie Lawless, l'âme de WASP, en rajoutera une couche avec un concept album mythique, bien inspiré par les Who, « The Crimson Idol », qui narre l’ascension et surtout la chute d'un musicien. Difficile de ne pas y avoir de parallèle avec la vie de son auteur. A l’époque, un film est même tourné pour accompagner le disque, mais il ne sera pas commercialisé.

25 ans plus tard, Blackie Lawless décide de l'emmener à nouveau sur la route pour célébrer l’anniversaire, de ce qui est, il faut l'admettre, son dernier chef d'œuvre (même si par exemple « Still Not Black Enough » était vraiment excellent aussi).

Annoncée depuis de nombreux mois, la tournée faisait un arrêt à Lausanne aux Docks ce vendredi 10 novembre 2017, avant de repartir à l'inévitable Z7 pour la seconde étape suisse du lendemain.

La soirée, complète quelques jours plus tôt, était attendue de pied ferme par un public très varié, des fans de la première heure à des plus jeunes venus découvrir un groupe majeur de la scène heavy metal, dont les meilleures chansons sont désormais des classiques.

Rain
La première partie est confiée aux italiens de Rain, qui proposent un heavy metal assez classique. Les gars débordent d’énergie, en font des tonnes et sont visiblement très contents d'être sur scène. C'est bien exécuté mais cela reste d'un niveau musical plutôt moyen. Heureusement, dans le cadre d'un concert, cela passe encore assez bien et les gens ont l'air content du spectacle qui s'est achevé par « Black Ford Rising ». Pas le temps pour un rappel.

Pendant le changement de scène, la sono balance tous les standards du heavy metal, avec Judas Priest, Maiden, Manowar, Accept, etc. que les gens commencent à reprendre en chœurs dans les premiers rangs.

W.A.S.P.
Ce soir, le programme est relativement simple et connu d’avance : ce sera « The Crimson Idol » en intégralité. Avec du retard, les quatre musiciens entrent sur scène sur « The Titanic Ouverture ». L’éclairage est faiblard pour mettre en valeur les projections. Il y a en effet trois grands écrans sur la scène qui passent en continu des extraits noir-blanc du film tourné à l'époque. Blackie Lawless a son costume de scène traditionnel, c’est-à-dire bottes blanches à franges assorties à ses genouillères avec un pantalon en lycra foncé. Il est accompagné de ses fidèles acolytes Doug Blair (guitares) et Mika Duda (basse, qui a son nom tatoué sur le bras si jamais vous ne le remettez pas), ainsi que d’un nouveau batteur.

Les premières chansons sont bien exécutées, mais le groupe est pas mal en retrait, Blackie a le visage fermé et ne communique absolument pas. La priorité semble donnée au film et on a vraiment l’impression d’assister à une projection. D’ailleurs, dès qu’il peut Blackie se tourne vers son batteur et on ne voit plus que son dos. L’occasion d’avoir une petite pensée pour les photographes présents ce soir qui ont bien galéré. J’aurai dû en faire partie, mais finalement le pit était déjà plein, d’où les quelques photos très moyennes pour illustrer cet article qui ont été prises avec mon téléphone.

Sur les premières chansons, je trouve que la voix de Blackie est un peu cramée et qu’il a de la peine à envoyer. Heureusement, cette impression ne dure pas et après quelques minutes, il dispose de toutes ses capacités. Etonnant également de voir une telle bête de scène rester immobile pendant tout le set. Musicalement, rien à redire, l’exécution est propre et le guitariste Doug Blair est tout simplement prodigieux. Quand on le regarde tout à l’air simple. En plus, comme son compère à la basse, il participe aux backing vocals. Le nouveau batteur a déjà l’air bien à l’aise et Blackie assure également ses parties guitares voix. Les temps forts de ce premier set ce sont bien évidemment « Chainsaw Charlie » (sans vraie tronçonneuse sur scène malheureusement ; tout se perd !) et les ballades « The Idol » et « Hold On To My Heart ». La tournée annonçait que trois morceaux inédits composés à l’époque seraient également joués pour la première fois. Au final, rien de tout cela. On a eu droit aux dix morceaux de l’album et c’est tout.

Le rappel sera complètement différent. Après avoir attendu de longues minutes la fin de la projection avec les crédits comme au cinéma, le groupe se fait désirer. Dans la sono, on a droit à un très curieux megamix des tubes de WASP (quelques secondes chacun !). Finalement, ils reviennent avec un bon éclairage et une attitude tout opposée. Si la setlist indiquait d’abord « The Real Me », celle-ci ne sera toutefois pas jouée, WASP démarrant le rappel directement avec le morceau suivant « LOVE Machine ». Désormais les écrans servent à passer des extraits des clips de l’époque et Blackie reprend son rôle de bête de scène. Et ce n’est pas un sérieux embonpoint (au passage, il y a un temps pour tout, y compris le lycra moulant après 60 ans) qui l’empêche de courir de gauche à droite. Après ce premier hymne, il vient teaser les premiers rangs en lançant les premières notes du riff de « Wild Child » puis en nous en offrant une superbe version pour le plus grand plaisir de tous. Ce sera ensuite « Golgotha » du dernier album studio qui se fera une place dans le rappel avant qu’un « I Wanna Be Somebody » version karaoké ne clôture une superbe prestation.

A noter que contrairement à sa réputation, Blackie Lawless se sera montré plutôt sympa pour signer des disques et autres souvenirs aux fans qui l’auront attendu dans le froid près de son bus.